CHARLES II DE NAVARRE, DIT "LE MAUVAIS"

DOIT RENTRER DANS LE RANG A LA FIN DE SON REGNE


 Menu

 

Retour à Pampelune

Après la défaite navarraise de 1378 face aux armées castillanes et l'humiliant traité de Briones (mars 1379), Charles II s'installa à Pampelune et cessa quelque temps sa vie itinérante.

Il s'établit dans le palais épiscopal de Pampelune où il resta cloîtré pendant l'épisode de peste qui toucha la Navarre en 1381.

Les Archives du royaume de Navarre (Archivo General de Navarra), toujours conservées de nos jours à Pampelune, nous renseignent assez précisément sur sa vie et son action.

Là, il mit en place un hôtel royal à l'image de ce qui se faisait à la cour de France. Le personnel qui l'entourait pouvait tout aussi bien le servir au quotidien que partir en mission pour les affaires du royaume.

Il restera en Navarre jusqu'à sa mort, survenue dans le palais épiscopal le premier janvier 1387.

Charles II de Navarre et la Bretagne

Du temps de Charles II, la Bretagne était un duché indépendant, tiraillé entre deux partis depuis la mort du duc Jean III en 1341. Le parti le parti de Charles de Blois, neveu par alliance de Jean III et allié des Français, et celui de Jean de Montfort, neveu de Jean III et allié des Anglais.

Charles II de Navarre eut des liens très étroits avec la Bretagne, où il fit escale plusieurs fois lors de voyages entre ses terres normandes et la Navarre. Le devenir du duché fut indissociablement lié à ce roi de Navarre.

Olivier de Clisson, grand seigneur breton, était allié des Anglais par suite de l'exécution de son père par les Français, l'un des hommes forts de Bretagne et l'un des seconds de Jean de Montfort. Il fut l'un des vainqueurs de la bataille d'Auray (septembre 1364) où Du Guesclin fut fait prisonnier. Par le traité de Guérande (1365), Jean de Montfort devient duc de Bretagne sous le nom de Jean IV. Mécontent des récompenses accordées par le duc de Bretagne, Olivier de Clisson basculera peu à peu dans le camp français.

Ses rapports avec Charles II de Navarre, qui le surnommait "le vacher", se dégradèrent également. Le considérant comme peu fiable, Charles II monta un stratagème contre lui (juillet 1369) : il fit croire au duc de Bretagne que Clisson était l'amant de sa jeune et jolie épouse, Jeanne Holland. Le duc fit armer trente anglais afin de le faire assassiner. La machination échoua et Olivier de Clisson, averti, se rapprocha encore du camp français. Le duc garda contre Clisson un ressentiment à vie, et cherchera encore à assassiner Clisson en 1393.

En ce mois de juillet 1369, Charles II s'allia au duc Jean IV de Bretagne. L'accord ne fut jamais écrit, mais les deux souverains respectèrent toujours cette alliance qu'ils avaient jurée. Peu après, Charles II envoya des troupes en Bretagne afin de soutenir le Duc dans son combat contre les brigands anglais qui infestaient le pays.

En septembre 1376, Charles II maria sa jeune soeur Jeanne à Jean Ier, vicomte de Rohan. Le couple aura un fils, Charles, qui recevra le fief de Guéméné et sera à l'origine de la famille de Rohan-Guéméné.

En 1386, c'est cette fois sa fille Jeanne que Charles II mariera en Bretagne. Jeanne de Navarre épousera Jean IV, veuf de Jeanne Holland depuis 1384, dont il n'avait pas eu d'enfant. Jeanne lui donnera une nombreuse descendance, parmi laquelle Jean V (1389-1442), le prochain duc de Bretagne, qui se trouve donc être le petit-fils de Charles II.

Par ces alliances, de nombreuses familles nobles de Bretagne comptent aujourd'hui Charles II de Navarre ou sa soeur parmi leurs ancêtres.

La mort de Charles II de Navarre

Dès les années 1370, Charles II avait été malade à plusieurs reprises et avait fait appel à des médecins dont les noms nous sont parvenus. Début 1386, les passages de médecins et achats d'épices chez des "Boticarios" - boutiquiers ou apothicaires - s'intensifièrent. En octobre 1386, on mentionna clairement la maladie du Roi. Charles II devait décéder dans la nuit du premier janvier 1387.

Sa mort, comme sa vie, reste auréolée de légendes. Plusieurs chroniques soutiennent que, pris d'un froid intense, on l'enveloppa d'un linceul imprégné d'alcool, mais que par la maladresse d'un valet qui en approcha une flamme, le linceul s'embrasa et brûla gravement le Roi qui décéda trois jours après, recevant ainsi comme une punition divine.

Mais des lettres d'époque, écrites par ses proches et peut-être volontairement plus lénifiantes, ne relatent pas cet incident.

Le doute subsistera donc sur les conditions de sa mort. Il fut inhumé dans la cathédrale de Pampelune. Mais Charles II n'en avait pas pour autant fini avec l'agitation. Le premier juillet 1391, soit quatre ans après sa mort, la plus grande partie de la cathédrale s'effondra, endommageant les tombeaux royaux qui s'y trouvaient. Ce n'est que bien plus tard qu'il trouva le repos dans une crypte de la cathédrale reconstruite, au dessous du magnifique tombeau de son fils Charles III. Le coeur de Charles II fut quant à lui placé dans une urne dans l'église d'Ujué, en Navarre, où il se trouve toujours.

Procès posthume de Charles II

Charles II eut le rare privilège de faire l'objet d'un procès posthume de la part du roi de France Charles VI, qui s'ouvrit le 2 mars 1387, deux mois après sa mort.

Convoqué au palais de l'île de la Cité, il fut appelé aux diverses portes du palais par l'huissier du parlement mais ne comparut point, étant mort deux mois plus tôt.

En présence de Charles VI, du roi d'Arménie Léon de Lusignan, et d'un parterre de magistrats et de prélats, se déroula un simulacre de procès avec pour seul objectif de confisquer définitivement les terres normandes de la famille de Navarre, en prenant le prétexte d'un crime de lèse majesté. L'accusé étant absent - et pour cause - le Roi ordonna au procureur "qu'il fist dire et proposer ce que bon luy sembleroit". L'acte d'accusation, qui ne fut même pas lu semble-t-il, était simplement composé de la compilation de dépositions dans d'anciennes affaires, remontant à 1356. Charles III de Navarre se vit ainsi confisquer définitivement l'essentiel de ses biens en France.


La biographie de Charles II de Navarre est disponible à l'achat (2015, 530 pages, 21x15 cm, nombreux arbres généalogiques, portraits, schémas explicatifs, cartes géographiques et illustrations), 32 € TTC.



Plan du site :

Charles II de Navarre et le royaume de France

Guerres en Espagne

Un roi machiavélique avant l'heure

Fin de règne

Pourquoi le surnom "le Mauvais" ?

Le livre de sa biographie (parution 2015)

Retour à l'accueil

Copyright Bruno Ramirez de Palacios 2014-2023.